Page 89 - Fabio Gasti (a cura di), Seneca e la letteratura greca e latina. Per i settant’anni di Giancarlo Mazzoli, Pavia, Pavia University Press, 2013
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Conservi: Petron. 70,10-71,1 et Sen. epist. 47 77

de la façon dont est organisée et dressée la luxueuse domesticité qui l’entoure. Le procédé
continue dans la scène de l’arrivée à la maison. Avant toute description de la domus le
romancier fixe l’attention du lecteur sur le panneau placé sur le montant de la porte
d’entrée: «Tout esclave qui sortira dehors sans l’ordre patronal recevra cent coups de
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verges». Ainsi la maison de Trimalcion est-elle d’emblée définie aux yeux des visiteurs
comme lieu de la familia, et Trimalcion lui-même figuré en dominus rigoureux – nous
verrons plus loin ce qu’il faut penser de cette rigueur.
Ensuite, tout au long du déroulement de la réception, on verra les esclaves s’affairer
dans leurs diverses tâches spécialisées, semblables, nous l’avons dit, à celles qui sont
évoquées dans la Lettre 47 de Sénèque. Il en est une cependant qui ne figure pas chez
Sénèque et apparaît comme tout à fait spécifique à la maison de Trimalcion: les esclaves
sont les instruments et les complices nécessaires des diverses mises en scène par
lesquelles Trimalcion entend distraire ses invités, et, plus encore, poser son personnage
d’hôte fastueux et raffiné. Ainsi s’enchaînent un certain nombre d’épisodes où
Trimalcion entreprend soit de divertir les convives en construisant un décor, voire tout un
contexte autour de l’entrée d’un nouveau plat (le décor de chasse organisé pour l’entrée
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du sanglier), soit de leur donner le change en les trompant sur la nourriture (les oeufs
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prétendument couvés, le porc non vidé), soit encore de bâtir une symbolique culturelle à
l’aide d’un mets détourné de sa réalité prosaïque (le veau bouilli qui renvoie à l’épisode
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mythologique de la folie d’Ajax). Pour réaliser chacune de ces scènes théâtrales,
Trimalcion a besoin d’acteurs: ce seront ses esclaves, qu’il a dressés à ce rôle et qui le
tiennent avec un zèle évident. Le découpeur de volailles Carpus adopte burlesquement la
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gesticulation guerrière d’un essédaire combattant dans l’arène au son de l’orgue. Pour
l’entrée du sanglier, une fois que les serviteurs ont disposé le décor – des toralia à motifs
de chasse au gros gibier –, la bête est éventrée par un esclave habillé en chasseur, tandis
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que des oiseleurs s’efforcent de capturer les oiseaux échappés de ses entrailles. Un
esclave mime Bacchus tout en chantant des poèmes de Trimalcion, et il est affranchi sur-
le-champ en fonction d’un scénario préparé à l’avance pour permettre à Trimalcion de
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proclamer, en jouant sur les mots, qu’il a un Pater Liber. Par la suite les serviteurs
changent les tables individuelles des convives, pour offrir à Trimalcion un autre jeu de
mots, tout aussi consternant: les secundae mensae («secondes tables», mais aussi
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«dessert») ont été servies! Dans toutes ces scènes, le rôle des esclaves est muet et se
limite au mime. Mais deux autres épisodes leur offrent des rôles complets, unissant gestes
et paroles. Le plus développé est celui du cuisinier, qui se déroule en deux scènes: la
convocation du cocus et le choix du porc qu’il est censé cuisiner tout de suite, puis, dans
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un second temps, la comédie du porc non vidé. Chacune de ces deux scènes comporte

68 Petron. sat. 28,7 quisquis servus sine dominico iussu foras exierit, accipiet plagas centum.
69 Petron. sat. 40, 1-5.
70 Petron. sat. respectivement 33,5-8 et 49,3-10.
71 Petron. sat. 59,7.
72 Petron. sat. 36,5.
73 Petron. sat. 40, 1-6.
74 Petron. sat. 41,6-8.
75 Petron. sat. 68, 1-2.
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Petron. sat. respectivement 47,8-13 et 49,1-10.

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